Depuis sa création en 2003, le Tax Shelter a permis d’investir d’importants financements dans le cinéma. A titre d’exemple, en 2018, l’ensemble de l’investissement du Centre du Cinéma s’élève à 9.857.005€. Les fonds levés par le Tax Shelter pour le cinéma en Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est 7 fois plus. Soit 70.842.692€. Et pourtant…
En quinze années, et malgré cette nouvelle manne extraordinaire d’investissement, le nombre de longs métrages d’initiative belge francophone produits chaque année a à peine augmenté. Il est passé de 11 en 2003 à 13 en 2018. On observe donc une augmentation du financement de 700%… et seulement 20% de longs métrages belges francophones produits en plus ! Pourquoi ? Parce que la majeure partie de l’argent du Tax Shelter (80%) est investie dans des films d’initiative étrangère.
Le Tax Shelter a été bénéfique pour structurer une industrie. Les producteur.rice.s, technicien.ne.s, studios de post-production en ont largement profité. Toutefois, l’outil n’est pas idéal pour les projets plus modestes (courts métrages, documentaires). Et surtout, sa rigidité limite les sommes que l’on peut investir dans le majoritaire belge, longs métrages compris. Les producteur.rice.s n’ont pas « d’incentive » à développer des projets belges. Ils leur préfèrent trop souvent des projets « clés sur porte » venus de l’étranger. Le Tax Shelter a donc permis de former et d’offrir de l’expérience à de bon.ne.s technicien.ne.s, à d’excellent.e.s artistes. Mais ceux.celles-ci sont contraint.e.s de mettre leur talent au service de films étrangers. C’est une anomalie propre à notre industrie, que nous ne retrouvons pas dans les mécanismes de financement des autres pays, et à laquelle il convient de mettre fin.
A l’ARRF, nous pensons que le système doit donc évoluer pour augmenter la part de Tax Shelter dévolue aux films majoritaires francophones. Pour y arriver, nous aurons besoin de l’appui des Fonds Régionaux (afin qu’ils réduisent le taux de réinvestissement pour les majoritaires belges), ainsi que celui des associations de producteur.rice.s (pour faire sauter certains verrous du mécanisme actuel).